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2018

Fred Forest expose le Centre Pompidou à la WhiteBox, New-York

Un an auparavant le Centre Pompidou lui a consacré une rétrospective. Bernard Blistène, alors Directeur du MNAM (Musée National d'Art Moderne) lui a fait subir des conditions inimaginables allant (ce qui ne s’était jamais vu en quarante ans d’existence) à lui faire payer les gardiens de son expo, le catalogue et des frais annexes, ce qui ne s’était jamais vu pour aucun artiste invité comme lui…

Un an auparavant le Centre Pompidou lui a consacré une rétrospective. Bernard Blistène alors Directeur du MNAM (Musée National d'Art Moderne) lui a fait subir des conditions inimaginables allant (ce qui ne s’était jamais vu en quarante ans d’existence) à lui faire payer les gardiens de son expo...

Communication 

New York (USA), Paris (FR)

Typologie: Installation

2018

Michael Leruth et Fred Forest, unis par un lien d'amitié depuis une trentaine d'années

2017

Fred Forest Exhibits the Pompidou Center in New York

Fred Forest panel discussion with Michael Leruth live-streaming now!
2018

Fred Forest panel discussion with Michael Leruth live-streaming now!

Voir la vidéo : https://www.facebook.com/whiteboxny/videos/10155836142137562/

Voir la vidéo

Michael Leruth et Fred Forest, unis par un lien d'amitié depuis une trentaine d'années
2018
Michael Leruth et Fred Forest, unis par un lien d'amitié depuis une trentaine d'années
Fred Forest Exhibits the Pompidou Center in New York
2017
Fred Forest Exhibits the Pompidou Center in New York
Fred Forest panel discussion with Michael Leruth live-streaming now!
2018
Fred Forest panel discussion with Michael Leruth live-streaming now!

2018 Fred Forest “exposes” the Pompidou Center in New York   !

This exhibition at the WhiteBox, which has become a modest branch of the Pompidou Center in New York for the occasion, will take a critical look at the Pompidou Center and present some of the artist’s emblematic works.

Taking an example from the Star Wars saga, the Territory of the Square Meter strikes back against the Empire of Art! After his exhibition this summer at the Pompidou Center, the artist Fred Forest mounts a counterattack using his own means of information and communication. There has never been anything like it before in the history of art, but one good deed deserves another! The artist is devoting an entire exhibition to the institution that organized a retrospective his work just a few months earlier. Forest is not just exhibiting the Pompidou Center in New York but exposing it! In line with his practice of institutional and political critique, this counter-exhibition is a favor returned, a simple gesture of good will. Not wanting to be outdone by the unstinting kindness lavished on him by the Director of the National Museum of Modern Art and its curator during the preparation of his retrospective, Forest now wishes to thank them warmly for the eagerness with which they were dedicated to satisfying his every wish. Except, of course, for some minor omissions and shortcomings … like those mentioned on the partial list that appears elsewhere on this site. For instance, the discrimination to which the Center continues to subject him after so many years of companionship: discrimination compared to other contemporary artists, who are so polite and well trained that you would like to invite them home for dinner. Artists who have received much better treatment than he has … ever since a certain court case to which he recklessly subjected the institution for a lack of transparency. In hindsight, this was surely an act of temporary insanity, for which the vindictive children and grandchildren of this venerable establishment intend to make him pay for years to come!
Fortunately, the Force is strong with Territory of the Square Meter, which has already succeeded in upsetting the apple cart this past summer. Surely, the Force, which is the guarantor of all Justice, shall not fail him during the upheavals and tribulations to come.

Let us trust in Force. May the Force be with Territory !

2018 J’EXPOSE LE CENTRE POMPIDOU À NEW YORK À LA WHITE BOX

Un an auparavant le Centre Pompidou lui a consacré une rétrospective. Bernard Blistène, alors Directeur du MNAM (Musée National d'Art Moderne) lui a fait subir des conditions inimaginables allant (ce qui ne s’était jamais vu en quarante ans d’existence) à lui faire payer les gardiens de son expo, le catalogue et des frais annexes ce qui ne s’était jamais vu pour aucun artiste invité comme lui… Il prétend lui rendre la monnaie de la pièce dans son expo à New York en le soumettant à une parodie cinglante…

Bonjour, Je suis un artiste qui a fait un procès au Centre Pompidou pour manque de transparence qui décide - pour l'honorer - de lui offrir une belle exposition à New York !

La contre-attaque du Territoire du Mètre Carré !

On n’avait jamais vu ça ! Un artiste consacre à titre de réciprocité une exposition entière à l’Institution qui l’avait invité, il y a à peine quelques mois... Fred Forest expose le Centre Pompidou à New York !

Il le fait bien sûr en tant qu'artiste parodique mais objectif. Objectif, puisqu'il se contente de présenter uniquement des documents, laissant au public le soin de son propre décryptage. Parodique déjà par le titre qu'il a choisi en clin d'œil à une série culte connue de tous : "La contre-attaque du Territoire du Mètre Carré".

Et comme dans Star Wars, cette force lumineuse et obscure, dont les artistes sont les seuls capables, va permettre, contre toute logique, de s'opposer aux partisans d'un pouvoir abusif et usurpateur. La force est une émanation de l’ordre éthique, social et métaphysique qui s'exerce sur l'ensemble de la planète à travers et contre les foires d'art, les collectionneurs et le marché. Un travail fou, dur et risqué dont aucun JEDI n'est assuré d'obtenir une victoire finale. Peu importe, tout le monde sait que c'est ici et maintenant que le combat a du sens ! Alors, combattons ...

Qui que tu sois ? Quel que soit l’endroit géo-localisé où tu te trouves ? A pied ou à cheval, ne manquez pas cette exposition, presque messianique et parodique, selon votre propre opinion. Une exposition annonçant des changements qui seront triviaux ou irréversibles dans l'histoire de l'art !

En ce moment crucial où l'humanité est confrontée aujourd'hui aux changements radicaux qui s'annoncent au monde entier. Avez-vous le choix d'être un "spectateur" passif devant un Duchamp ou un acteur engagé ? Cette exposition présente une dizaine d'actions qui témoignent d'une impitoyable critique institutionnelle et politique au sens large du terme les engagements de toute une vie de Fred Forest, en accordant, bien entendu, la plus grande place au dernier en date, le combat épique du Territoire du M2 contre le Centre Georges Pompidou, ou dit, plus précisément, contre les responsables qui en détournent les fonctions.

Fred Forest

Le Commissaire Michaël Leruth

Professeur associé d'études françaises et francophones l’Université de William et Mary.
Auteur de "Fred Forest’s Utopia : Media Art and Activism" (MIT Press, 2017)
https://mitpress.mit.edu/books/fred-forests-utopia

Note du Commissaire d'Exposition

Fred Forest a été un étranger et rebelle toute sa vie et il ne va pas s'arrêter maintenant. Pas parce qu'il a quatre-vingt-quatre ans. Pas parce qu'il est grand temps pour lui de prendre du recul et de vivre tranquillement alors que son travail fait l'objet d'un nombre croissant d'articles scientifiques, de thèses, de conférences, de livres et d'expositions dans le monde entier (Brésil, États-Unis, France, Suisse, Bosnie, Allemagne…). Et certainement pas parce qu'il vient de recevoir ce que tout autre artiste français considérerait comme une consécration: une grande rétrospective au Centre Pompidou à Paris (du 12 juillet au 28 août 2017). Pour Fred Forest, être rebelle n'est pas la même chose que d'être un terroriste : quelqu'un qui cherche à attiser la discorde par des actes sensationnels de destruction. Et ce n'est pas la même chose que de monter des coups de publicité à scandales : cultiver la personnalité de la marque du « mauvais garçon » pour la gloire et la fortune. Il s'agit d'un engagement passionné, intransigeant et utopique à la liberté. De la création de petits espaces ou de moments liminaires de liberté—pour une utilisation plus libre des moyens de communication modernes, des perspectives plus libres sur la société, des formes plus libres d'interaction humaine, des façons plus libres de faire et de partager l'art dans un monde où le pouvoir institué préfère que les choses restent comme elles sont. Contrôlées. Soumises. Hiérarchisées. Rentables. Prévisibles. Passives. Liées à la distraction du spectacle. Conventionnelles. Conforme aux bienséances. Soigneusement organisées. Bien conservées. Pensez aux théories de Bakhtine sur la nature subversive du carnaval. Pensez à l'analogie de Michel de Certeau avec les braconniers et les intrus qui manœuvrent habilement dans les lieux culturels et urbains propres aux puissants. Pensez aux zones autonomes temporaires de Hakim Bey. Ou pensez à la propre définition de l'art sociologique par Forest, un mouvement qu'il a contribué à créer en pionnier : ni sociologie ni art, mais une forme de pratique sociologique radicale qui opère sous le couvert de l'art.
Il n'est donc pas étonnant que la pratique « artistique » de Fred Forest se soit souvent trouvée impliquée dans des critiques et des conflits avec les institutions du pouvoir. À partir des années 1970, Forest a ciblé des formes institutionnelles de pouvoir dans les médias, la société, la politique, l'art et l'économie avec des expériences participatives qu'il a décrites en termes d’« événements trans-médias ». Appelé « L’artiste qui perce des trous dans les médias » par Vilém Flusser, Forest a attiré l’attention sur lui pour la première fois en 1972 en insérant dans les pages du prestigieux journal Le Monde des espaces blancs qu’il demandait aux lecteurs de remplir par leur propre contenu (Space-Media: 150 cm2 de papier journal), transformant ainsi un type statique et élitiste de médias en quelque chose de plus interactif et de démocratique. En 1973, il a dirigé une équipe en menant une expérience dans une maison de retraite conçue pour redonner aux résidents le pouvoir sur leur propre image dans une société obsédée par la jeunesse et la productivité—les organisant en groupes afin qu’ils créent leurs propres documentaires vidéo sur leur vie à l'intérieur et à l'extérieur de l’établissement (Vidéo troisième âge). Plus tard la même année, Forest a été arrêté par la police secrète brésilienne (DOPS) du régime militaire en place après avoir organisé un simulacre de manifestation dans la rue (Le blanc envahit la ville), pour laquelle les manifestants portaient des panneaux vierges—l’action phare d'une série d'interventions dans le cadre de la Biennale de São Paulo de 1973. Il est retourné à São Paulo et à la Biennale en 1975, sans y être invité, pour organiser une exposition alternative. Cette dernière proposait une déconstruction fantaisiste et critique de la Biennale officielle en temps réel dans un espace adjacent, difficile à distinguer du lieu d'exposition officiel, tout en traitant la Biennale en cours comme si elle était l'artefact d'une civilisation antique (Biennale de l'An 2000, 1975). En 1977, il a ciblé les pratiques spéculatives d'information et de publicité communes aux marchés de l'art et de l'immobilier en créant sa propre société de promotion immobilière et en proposant à la vente aux enchères publiques des parcelles minuscules de terrains ruraux non aménagés, annoncés comme de nature « artistique » (Le mètre carré artistique). Une opération qui a mené à une enquête policière sur des soupçons de fraude et de publicité mensongère et qui a été interdite dans sa forme originale par le Procureur de la République.
Ces tactiques rebelles ne se sont pas calmées pour autant quand Forest est devenu un artiste « mûr » et « sérieux ». Au contraire, elles se sont poursuivies dans les années 1980, 1990 et 2000, en devenant de plus en plus sophistiquées et audacieuses dans certains cas. Un exemple est Apprenez à regarder la télévision avec votre radio (1983), pour laquelle Forest a réuni un réseau ad hoc de stations de radios libres FM (récemment légalisées en France) pour diffuser des contenus audio alternatifs pour les joindre aux contenus visuels officiels des chaînes de télévision. Une autre est sa campagne de candidat fantaisiste et critique pour la présidence de la télévision nationale bulgare en 1991 (Fred Forest Président de la télévision bulgare), pour laquelle il a organisé un drôle de cortège dans les rues de Sofia et a presque persuadé le Président en place de débattre en direct avec lui à la TV sur ses propositions en faveur d’une télévision plus « utopique et nerveuse ». De date plus récente, il y a eu le Traders’ Ball (2010), qui a satirisé la folie spéculatrice et prédatrice à l’origine de la crise financière de 2008 par une installation à Midtown Manhattan consistant en mannequins (vides à l’intérieur comme leurs modèles) représentant des traders se déhanchant comme des fous et par une soirée dansante virtuelle pour les avatars sur Second Life. Or, le geste critique pour lequel Fred Forest est le plus connu en est un qu’il ne considère pas comme faisant partie de sa pratique artistique à proprement parler : son procès de citoyen contre le Centre Pompidou (1994-98) pour le manque de transparence et les délits d’initiés qui caractérisaient, selon lui, le programme d’acquisition d’œuvres de l’institution. Geste critique prestigieux : un procès qu’il a finalement perdu en appel au Conseil d’État, mais qui lui a donné une notoriété dont il s’est bien servi par la suite pour dénoncer les compromissions et l’insignifiance de l’art contemporain officiel. Et qui a fini par faire de lui une persona non grata dans les hautes strates du milieu de l’art contemporain.
Alors, que penser de la rétrospective au Centre Pompidou en 2017 qui est l’objet de la contre-exposition organisée par Forest ? S’agit-il d’un gage de paix offert gracieusement (ou à contre cœur) par une institution qui donne enfin à une grande figure de l’art contemporain la reconnaissance qu’elle mérite ? Ou bien, d’une tentative sournoise d’exploiter et, en somme, neutraliser un critique toujours acharné ? Après tout, Forest avait fait une performance de protestation bien remarquée au Centre Pompidou en 2012 pour contester son exclusion de l’exposition Vidéo Vintage, se faisant enrouler de la tête aux pieds dans une bande vidéo de type Sony Portapak des années 70 avant de demander au public de le libérer à coups de ciseaux. Il y a de quoi aimer l’exposition bien conçue et bien fournie en œuvres qu’a montée la commissaire Alicia Knock. Cette exposition a présenté de manière satisfaisante les réalisations pionnières de Forest dans les domaines de la vidéo, des interventions dans les médias et de l’art télécom (n’empêche qu’elle a omis presque tout de ses expériences dans le domaine du Net Art à partir de 1995). Elle a aussi souligné la beauté discrète des contenus et artefacts associés avec beaucoup d’actions menées par l’artiste—la preuve d’une fine sensibilité esthétique souvent ignorée par les critiques, mais non par Pierre Restany, qui reconnaissait en Forest un digne héritier du traitement poétique des vides d’Yves Klein. En fin de compte, l’exposition a surtout bien choisi le thème du Territoire comme fil conducteur d’une partie majeure de l’œuvre de Forest, comme l’indique clairement le titre de la rétrospective, Fred Forest : les Territoires. En fait, Forest conçoit son action artistique en termes de territoires utopiques depuis qu’il a commencé à insérer de petits espaces blancs dans les médias au début des années 70. La présentation de la genèse du Territoire du M2 par l’exposition est particulièrement réussie, de son origine conceptuelle en 1977 jusqu’à la création d’un simulacre d’état indépendant basée à la maison de l’artiste à Anserville (à 50 km de Paris dans l’Oise) en 1979-80. Cette expérience ludique de souveraineté faite maison et de communauté imaginaire bien réelle est à classer dans la catégorie de la « bureaucratie intime » (selon la formule de l’historien de l’art Craig J. Saper), une pratique omniprésente dans l’art moderne et contemporain, du Surréalisme à Fluxus : un détournement esthétique, parodique et utopique des structures bureaucratiques des sociétés modernes. On pouvait devenir citoyen du Territoire en achetant un abonnement à une parcelle spécifique terrain de 1 m2 dans la propriété de Forest. Forest s’est servi du titre d'Artiste-Président pour la vie et a transformé les pièces du rez-de-chaussée de sa dépendance historique rénovée en un siège de gouvernement des plus inattendu. Bien que sa rétrospective au Centre Pompidou n'ait nullement examiné la virtualisation subséquente du Territoire du M2 menant à sa transposition dans Second Life (par exemple, Le centre expérimental du Territoire, 2008), elle offrait néanmoins aux visiteurs la possibilité de visiter et d’explorer à distance avec un casque de Réalité Virtuelle le site d'Anserville.

Prof. Michael Leruth's excerpt from his book  “Fred Forest’s Utopia : Media Art and Activism,” published by MIT Press
Its redeeming qualities notwithstanding, the retrospective was also problematic in a number of ways. The artist explains his grievances against the Pompidou Center on this website and throughout this counter-exhibition. They are worthy of consideration and are not trivial since they include allegations of discriminatory treatment and broken promises as well as the broader issue of who ultimately controls the message in such events, the artist or the institution (cf. Rebecca J. DeRoo, The Museum Establishment and Contemporary Art: The Politics of Artistic Display in France after 1968). For me, there was also a more basic problem: the retrospective betrayed the rebel spirit of Territory—and could not do otherwise given its institutional logic, no matter how “successful” it was according to other (institutional) criteria. Forest’s Territory, which is synonymous with his notion of a “realistic utopia” and extends far beyond Anserville to include virtually everything he has done as an activist artist, is not something that can be pinned down, put on display on walls and under glass, catalogued, and reconfigured so as to conform neatly to the academic categories of art history (Nathalie Heinich’s concept of the “tradition of transgression” included). It is a living and unstable entity that only exists fleetingly and episodically via the way that participants in Forest’s various projects interact with and through the temporary utopian interfaces he sets up. Above all, it is a rebel enclave, open to all nomads, forever insoumis (i.e., unsubdued and refractory). Forest sensed rightly that the retrospective represented an attempt to colonize the Territory, to make it part of the Empire of Art. So he resisted. He resisted first by staging two unruly and eccentric participatory events in the exhibition space at the Pompidou Center. He continued to resist by criticizing the Center relentlessly in social media both before and after the exhibition’s closure. And he resists today through this counter-exhibition at The White Box. There is no bitterness or ingratitude in this resistance. His act of resistance is performed joyfully and can be considered his ironic way of thanking the institution by giving it and its public a true taste of the Territory. For anyone who knows Fred Forest, this unceasing resistance was the only outcome possible.
Fred, may the Force be with you!Michael Leruth

Prof. Michael Leruth talks to us about his latest book,
“Fred Forest’s Utopia : Media Art and Activism,” published this year by MIT Press.

Le M2 de Fred Forest par Sophie Lavaud
http://www.sophielavaud.org/?p=2191

Du web 2.0 avant l’heure : du modèle esthétique au modèle social, une pratique éthique de l’art

© Sophie Lavaud-Forest

Il y a deux types d’artistes : les « suiveurs », ceux qui développent, approfondissent, enrichissent et complètent un geste artistique magistralement opéré en rupture par d’autres et les « explorateurs », des aventuriers qui tracent dans ce que Panofsky nomme « iconologie » (histoire des changements des systèmes de formes symboliques) ces chemins de rupture inédits impactant non seulement l’art mais aussi la société toute entière. Fred Forest fait partie de cette deuxième catégorie.

Après avoir conçu en 1967 ses « tableaux-écrans », à la fois peintures mais aussi surfaces de projection, blanches, vides, réceptacles d’images externes provenant de diapositives, il quittera définitivement, avec la mise en place de son idée du Territoire du M2, il y a plus de trente ans[1], l’ordre optique de la représentation. Ce projet fondamental, sorte d’« opus magnum » évolutif, contient en germe tout ce que l’artiste développera par la suite. Au moment où naît aux Etats-Unis et plus particulièrement dans la tête de l’informaticien J.C.R. Licklider[2], l’idée d’un réseau d’ordinateurs connectés les uns aux autres par des lignes de télécommunications large bande qui permettront une communication décentralisée, Fred Forest, en habitué des réseaux de télécommunications[3], avant même l’arrivée de ces technologies, crée son Territoire du M2 sorte de prototype expérimental symbolique, précurseur d’un point de vue social, de ce qui deviendra dans les années 90, la forme participative du World Wide Web : le web 2.0. C’est-à-dire une plate-forme de contribution, de créativité, d’échange et de collaboration. Proposition d’un système de communication complexe manipulant les media de masse pour mieux les détourner par le concept de réseau, d’interactions, de mise en relations distribuées d’idées, de personnes et de groupe, l’œuvre est proposée comme un véritable laboratoire de recherche critique sur la réalité pour mieux en rendre compte et la redessiner. Abandonnant les techniques picturales de figuration sur une surface de projection, ce saut artistique engagé dans un ordre « informationnel » -qui anticipe un ordre « numérique » dans lequel nous sommes aujourd’hui[4]-, ébranle tout un pan de l’histoire de l’art, confiné à l’histoire de la peinture en tant que longue et vaste interrogation sur la perception visuelle. Au point que les « experts », déstabilisés dans leurs habitudes et leurs grilles de lecture inadaptées, mettront en doute le fait qu’il s’agit bien toujours d’art. Il serait, en effet, tellement plus simple pour restituer le réel de s’en tenir aux apparences, à la visibilité ! Mais le simulacre des « matrices communicationnelles » de Fred Forest, implantées au cœur même des « milieux », qu’elles interrogent, dans lesquelles elles sont « situées », révèle des niveaux cachés de réalités complexes, systémiques, relationnelles[5] : des flux, des ondes, des vibrations, des transmissions, des données, des sensibilités, des forces, des énergies, des interstices, des circulations et des boucles de régulation auto-adaptatives, bref, toute une architecture fluide d’informations. Ces systèmes communicationnels « préparés » pour reprendre la terminologie usuellement employée pour les pianos de John Cage sont bel et bien des fictions, qui ne proposent pas de véritables univers de substitution mais créent des simulations actives relevant du jeu et de l’imaginaire artistique. Pendant que Nam June Paik[6], pour ne citer que lui, perturbe de façon rétinienne les électrons du tube cathodique avec un aimant (Magnet TV) pour travailler la matière-image, jouant sur et avec nos perceptions visuelles, Forest travaille en anthropologue le matériau social. C’est là que se situe une de ses singularités d’artiste. Son projet vise à constituer un instrument critique opérationnel questionnant l’humain, sa nature et ses constructions : ses organisations, ses institutions, ses pouvoirs, ses pratiques sociales et culturelles. Et le Territoire du M2 est un de ces outils développé par l’artiste, le plus complexe et le plus réussi, à mon sens, comme recherche fondamentale générant des applications concrètes et des usages pour l’art et la société. De quoi s’agit-il donc ? Avec humour et ironie, parodiant les signes et codes du pouvoir pour mieux les dénoncer, l’artiste se proclame « citoyen-gérant-artiste » d’un Territoire, monde à l’intérieur de mondes : virtuel et physique (il sera réellement implanté dans le département français de l’Oise, à une cinquantaine de kms de Paris[7]), public et privé, global et local, fictionnel mais connecté au réel. Chacun, muni de son « laisser-passer »[8] pourra se porter acquéreur d’une parcelle du Territoire : un M2 espace personnalisable au sein de cet sorte d’état indépendant au sein de l’Etat français, dont les règles et le fonctionnement sont définis par les choix subjectifs de l’artiste-organisateur qui en prépare le cadre ouvert et les protocoles de communication pour en orienter le sens. Chacun recevra alors, dans cette simulation parodique un diplôme de citoyen et son titre de propriété signés par l’artiste. Trouvant source d’inspiration dans les mass media et la diffusion des actualités, l’artiste-animateur, en auteur-amont[9] du projet, distillera au fil du temps et de la vie du Territoire, des flux d’informations comme autant de strates superposées destinées à être répercutées à l’ensemble du réseau des « amis » du Territoire. Devenus les auteurs-aval d’un système complexe de communications, d’échanges et de partage, ceux-ci pourront entretenir, en présence réelle ou à distance, des relations sur un mode décentralisé, horizontal, dé-hiérarchisé en dehors de l’administration centrale[10]. Car, si le « citoyen-gérant » a un rôle déterminant dans l’orientation qu’il impulse aux questionnements et au sens des actions mises en oeuvre, le mouvement, une fois lancé, s’autonomise. Tout individu-citoyen devient à son tour un émetteur potentiel en fonction de sa volonté d’implication dans le jeu, anticipant ainsi les échanges « peer to peer », les « chat » en temps synchrone, les commentaires des flux RSS des actualités lisibles actuellement sur les principaux sites d’informations ou de chaines de télévision en ligne ou des blogs du web 2.0. Basé sur la collecte d’idées, leur mise en relation et les interactions entre les individus, le modèle esthétique proposé, relationnel et informationnel, annonce à l’échelle prototypale et non commerciale, le fonctionnement des industries créatives des réseaux sociaux et de partage (Facebook, LinkedIn, Viadeo, Flickr etc.). Ou même, des modèles sociaux et économiques émergents chez de jeunes entrepreneurs actuels : ceux du crowdsourcing qui utilisent, pour atteindre des objectifs économiques, culturels, sociaux ou scientifiques, une certaine collaboration de masse permise par ces technologies du web 2.0 . La portée du geste artistique dépasse alors la sphère autonome de l’art, pour devenir ferment fertile, véritable incubateur d’idées pour la société. Pour ce faire, et c’est une autre des singularités de cet artiste hors-normes, Fred Forest installe ses perturbations communicationnelles au cœur même de l’espace médiatique (inserts dans la presse écrite ou dans des émissions de télévision, de radio, utilisation du fax, minitel, téléphone, journaux électroniques à LED, des ordinateurs, du réseau du web ou de Second Life), et du tissu urbain (animations des espaces publics de rue[11], des espaces privés ouverts au public des maisons de retraite[12], mairie[13], voire des hôtels). La manipulation des mass media, son champ d’expérience artistique privilégié, les détourne de leur usage. L’artiste en questionne le fonctionnement et ses actions déclenchent à leur tour, une série de boucles rétro-actives : articles papier ou en ligne, interviews télévisuels ou radiophoniques, chaque action critique génère toute une production réflexive journalistique et universitaire, sorte de travail parergonal, « supplément d’œuvre » qui sert, selon Derrida,[14] à donner lieu à l’œuvre et à la faire exister. Un des exemples les plus remarquables de ses installations communicationnelles est l’œuvre Télé-Choc-Télé-Change qui a pris place sur la deuxième chaîne nationale française, du 22 mars au 12 avril 1975 sous la forme de trois émissions expérimentales installées au sein de l’émission de télévision de Michel Lancelot « Un jour futur ». Anticipant l’arrivée, devenue imminente aujourd’hui, d’une télévision véritablement interactive, détournant le mode de diffusion de un vers tous du media de masse télévisuel, (qu’il utilisera en synergie avec un autre media de communication : le téléphone pour la fonction participative[15]), l’artiste propose aux téléspectateurs (ils seront près de six cents à contacter l’émission) un jeu d’échange d’objets personnels[16] riches d’une dimension affective (à défaut de l’objet physique, ils pourront ne faire parvenir à l’émission que son image dessinée ou photographique[17]), en direct sur l’antenne. Au vu des objets défilant sur leur écran, les téléspectateurs, par un appel à S.V.P entrent en contact et s’échangent ces « objets-histoires » pour leur valeur symbolique et affective. Le mode ludique et convivial de cette « bourse-échange » permet un rôle de lien social. Il développe une conscience collective forte et émotionnelle d’appartenance et de présence au monde pour les téléspectateurs-contributeurs engagés dans l’aventure, non pas en tant que consommateurs passifs de biens marchands mais en tant que producteurs de biens symboliques en symbiose avec l’artiste. La sociologue américaine Danah Boyd[18] a parfaitement décrit cette émotion intense touchant les individus qui, en temps ordinaire privés de parole publique, se mettent à exister : « Ceux qui apprécient des services comme Twitter parlent passionnément de ce sentiment de vivre et respirer avec le monde autour d’eux, conscients et branchés, ajoutant des contenus dans le flot et s’en saisissant à d’autres moments. » C’est à éprouver ce sentiment esthétique de présence par l’implication que seront conviés les visiteurs de l’exposition L’homme média n°1 au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains. Ils pourront, par exemple, participer à un décryptage des medias par leur contribution active à la proposition Flux et Reflux, site web conçu par l’artiste où chacun est invité à commenter des vidéos d’une banque de données sélectionnées selon différents thèmes citoyens. Ils pourront également faire danser leur avatar sur Second Life, le jour du vernissage, lors d’une célébration/dénonciation parodique de la crise financière des Etats-Unis : le Traders Ball qui dénonce les responsables spéculateurs continuant à œuvrer en toute impunité. Grâce à un scanner et la possibilité d’envoyer un email, ils pourront faire don de leur pied dans une banque de données dédiée à Internet. Et puis, le public de l’exposition, pourra prendre connaissance du résultat du processus de stimulation de l’imaginaire et de la créativité, qu’en acteur de l’art sociologique puis en esthète de la communication, l’artiste aura su générer de la part de ses lecteurs-contributeurs-producteurs et qu’il a patiemment au cours des années recueilli, archivé et souvent diffusé. Ce sont ces éléments d’information qui seront révélés et mis à la disposition du public du Centre des Arts, sous forme de traces écrites, photographiées, filmées, imprimées, sous forme de diaporamas, vidéos, inserts de presse, constituant une méta-communication parergonale, à la fois interne et externe aux œuvres-actions, générée par elles qui les désigne et les dessine dans l’organisation mentale des visiteurs. Ce sont ces métadonnées, protéiformes et multimodales, qui seront scénographiées pour rendre compte au public de ce travail singulier, basé non pas sur les performances et les prouesses technologiques mais sur la magie et le merveilleux qu’elles engendrent. S’immisçant dans le flux médiatique pour mieux en détourner le fonctionnement, il interroge l’humain, sa sensibilité, sa conscience, sa pensée, sa cognition et son imaginaire. L’humain au centre du modèle esthétique, c’est ce qui redonne à l’art son fondement originel éthique.

Sophie Lavaud-Forest

Artiste et théoricienne en art visuel et art des nouveaux media

 

[1] Les premiers écrits datent des années 78.

[2] Il publiera sur ce thème en janvier 1960, un article intitulé « Man-Computer Symbiosis » (« La symbiose homme-ordinateur »). Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d%27Internet

[3] Il travaillera pendant plus de quinze ans comme contrôleur des postes et télécommunications jusqu’en 1971.

[4] Une « époque numérique de l’art », c’est ainsi que le philosophe Bernard Stiegler caractérise notre post-modernité actuelle.

[5] Voir à ce sujet : FOREST Fred, L’œuvre-Système-Invisible, Prolongement historique de L’Art sociologique, de l’Esthétique de la communication et de l’Esthétique relationnelle, L’Harmattan, Paris, 2006

[6] En « explorateur » lui aussi, en 1970, il conçoit avec Shuya Abe le premier synthétiseur d’images Abe-Paik qui mélange les couleurs, permet de séparer formes et contenus. Les images peuvent ainsi être multipliées, métamorphosées anticipant toutes les fonctions d’effets spéciaux sur l’image permises actuellement par des outils logiciels tels qu’After Effects par exemple.

[7] Les salles sont aménagées selon des symboles et des fonctions propres au dispositif créé par l'artiste sous forme d’un musée-action, c’est-à-dire un musée vivant interactif tel que le rêve aujourd’hui un bon nombre d’acteurs des politiques culturelles cherchant à intégrer les technologies d’information et de communication numériques à leur projet de médiation. Voir :

  • Le CLIC France (le Club Innovation & Culture France) :http://www.club-innovation-culture.fr/
  • Le projet Muséomix : http://www.lacantine-rennes.net/2011/11/museomix-inventer-le-musee-de-demain/

[8] A l’instar de nos identifiants actuels et de nos mots de passe, sésames à notre entrée sur les réseaux sociaux, il faudra un « laisser-passer » pour entrer dans le Territoire.

[9] La métaphore du fleuve, cet élément circulatoire, fluide comme peut l’être un réseau d’informations, exprimée par les terminologies « amont » et « aval » est empruntée à Edmond Couchot. Voir son article « L’embarquement pour Cyber. Mythes et réalités de l’art en réseau », Revue d’Esthétique n°39, Paris, 2001, pp. 81-89

[10] C’est à l’échelle de la société toute entière, voire de la planète que, de nos jours, l’économiste et essayiste américain Jeremy Rifkin préconise d’établir un fonctionnement collaboratif des savoirs distribués s’appuyant sur des modèles de media de la latéralité (tous vers tous) versus la verticalité (un vers tous). Voir son livre: La troisième révolution industrielle – Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde, Editeur : Les liens qui libèrent, 2012.

[11] On peut citer pour exemples:

  • Promenade sociologique à Brooklyn, performée dans le quartier populaire de Brooklyn à la périphérie de Sao Paulo, Brésil, en 1973 et réactivée en 2011 dans le quartier de Brooklyn (Williamsburg) de New York City, U.S.A.
  • Le Blanc envahit la ville, action urbaine qui fait partie d’une série de micro-événements et d’installations médiatiques dans et hors les murs de la XIIème Biennale de Sao Paulo, en 1973.
  • Avis de recherche : Julia Margaret Cameron, personnage mi-fictif, mi-réel que des avis de recherche répétés dans le journal Var Matin feront peu à peu exister auprès de lecteurs qui pourront communiquer avec elle, lui écrire, lui téléphoner et finalement la voir dans les rue de Toulon.

[12]Vidéo Troisième âge, Maison de retraite, Font des Horts, Hyères (Var), du 25 juin au 11 juillet 1973.

[13] Le Techno-Mariage, œuvre in situ, que nous avons conçue et réalisée ensemble, performée en 1999 lors de la fête de l’Internet, à la mairie d’Issy-les-Moulineaux avec la complicité de son maire André Santini, sous la forme d’une vraie cérémonie de mariage, retransmise en temps réel sur Internet et augmentée d’un programme de réalité virtuelle scénographiant nos avatars avec lesquels nous interagissions en temps réel ainsi que celui du maire.

[14] Voir sa réflexion sur le « parergon » : DERRIDA Jacques, La Vérité en peinture, Ed. Flammarion, Paris, 1978

[15] Moyen d’expression récurrent chez l’artiste que ce croisement de plusieurs medias qui en crée finalement un autre, un « transmedia » qui les traverse tous. Voir, par exemple : De Casablanca à Locarno (télévision, web, téléphone), Apprenez à regarder la télévision avec votre radio ( radio, télé, téléphone).

[16] Là encore, une fois de plus, il serait difficile de ne pas voir, dans cette action une anticipation directe, bien évidemment dénuée, dans son cas, de rentabilité commerciale, d’un projet entrepreneurial qui est en train de naître actuellement aux Etats-Unis : le « Facebook des objets », porté par un chef d’entreprise américain Joe Einhorn sous le nom de « Thing daemon » et qui a pour but de créer une immense base de données d’objets personnels qui permettrait aux usagers d’identifier et de chercher ces objets afin de les partager, les échanger mais aussi, rentabilité oblige, bien évidemment les vendre ou les acheter. Voir :

http://www.internetactu.net/2010/11/29/demain-les-reseaux-sociaux-dobjets/

[17] Un projet institutionnel vient de voir le jour, près de quarante ans plus tard, le projet BarCode/CodeBarre, projet de collaboration multi-plateforme revendiqué comme basé sur « un acte de conscience sociale », coproduit par l’Office National du Canada et ARTE France qui met en scène des objets sous forme vidéo et invitent les utilisateurs à interagir librement avec eux grâce à des applications Internet et téléphoniques. Voir :

« Si les choses pouvaient parler ou la face révélée des objets », in La culture libre , Revue MCD n°68, septembre, octobre, novembre 2012, pp. 34-35.

[18] Dans une conférence donnée lors de Web 2.0 Expo à New York en novembre 2009.

DOUBLE NORME ET DISCRIMINATION EXERCÉE PAR LA GESTION DU CENTRE POMPIDOU ENTRE LES ARTISTES QUI EXPOSENT MAIS DANS DES CONDITIONS DIFFÉRENTES SELON QU’ILS SONT LES ENFANTS CHERIS DU SYSTÈME OU DES PARIAS VENUS D’AILLEURS…

CI-DESSOUS LES 18 GRIEFS PRINCIPAUX QUI ONT FAIT SORTIR LE TERRITOIRE DU M2 DE SES COMPORTEMENTS PACIFIQUES ET EN SA QUALITE DE PAYS INDEPENDANT POUR ORGANISER UNE CONTRE-ATTAQUE GENERALISEE CONTRE LE CENTRE POMPIDOU.

UNE CONTRE-ATTAQUE QUI ANTICIPE SUR SES DROITS A FAIRE VALOIR DEVANT LA COUR EUROPEENE DE JUSTICE POUR DISCRIMINATION.

CONDITIONS IMPOSEES A FRED FOREST

  1. Réduction de cinq semaines de l'exposition par rapport à des expositions du même type qui ont toujours été organisées pour une rétrospective d'artiste.
  2. Exposition repoussée au milieu de l'été. Ce qui a privé bon nombre de personnes de pouvoir la visiter, étant en vacances à ce moment-là.
  3. Exposition rétrogradée au sous-sol, alors que toutes les rétrospectives consacrées à des artistes dignes de ce nom se déroulent au 6ème étage, l'espace«noble» qui offre une véritable reconnaissance à un artiste.
  4. Après avoir été prié d'être présent au Centre quelque temps auparavant pour un enregistrement TV destiné à être utilisé lors de l'inauguration du "40e anniversaire" du Centre, Forest s’étant déplacé fut déçu de constater qu'il avait été victime d’une censure: sa séquence avait été coupée à la dernière minute sans que personne ne lui donne jamais d'explication ou ne s'excuse auprès de lui.
  5. Refus de remettre un contrat (lettre d'intention) à l'artiste, qui a dû attendre deux ans et six mois à partir du moment où il a été officiellement informé de la décision de tenir l'exposition. Cette mesure a eu pour effet de paralyser la bonne préparation de l'exposition durant tout ce temps perdu...
  6. Le temps nécessaire pour trouver les sponsors indispensables a mis en péril l’exposition elle-même. Pendant toute la durée de la préparation le service du mécénat refuse de me recevoir ainsi que d’ailleurs le service de publication des catalogues...
  7. La disposition du Territoire qui aurait dû être visualisée au sol sur l'esplanade de la Piazza selon le projet original n'a jamais été réalisée, ce qui l'a privé d'une présence clé à l'extérieur du bâtiment pour impliquer le public.
  8. Pour la toute première fois depuis la création du Centre Pompidou, un artiste ayant bénéficié d'une rétrospective n'avait pas le droit à un catalogue imprimé par le Centre. Une fois que l'artiste a trouvé les fonds nécessaires pour en imprimer un, le directeur du MNAM (Musée National d'Art Moderne) du Centre Pompidou et le commissaire de l'exposition refuseront d'écrire un texte de présentation comme c’est la coutume.
  9. Par rapport au projet initial, dûment accepté par le Centre, le Centre n'a pas mis suffisamment de moyens à disposition pour le réaliser dans l'esprit ou dans la forme. Et l’artiste a dû sans cesse s’adapter à la baisse.
  10. La rétrospective a été tronquée, car les 20 dernières années de son activité artistique, certainement les plus riches car elles couvrent son travail pionnier sur Internet et Second Life, ont été totalement occultées.
  11. Compte tenu du succès public de l'exposition, reconnue par la Secrétaire Général du Centre elle-même, malgré la période estivale au cours de laquelle de nombreuses personnes intéressées étaient en vacances, l'artiste a demandé la prolongation ou la reconduction de son exposition l aucune de ses suggestions n'ont été retenues pas plus, à défaut, que la demande d’une exposition internationale sur l’art sociologique à laquelle le Président du Centre n’a même pas pris la peine de répondre.
  12. Abandon total de ses responsabilités par la jeune commissaire, manifestement très souvent absente lors de la préparation de l'exposition et de la mise sur pied par l’artiste de deux performances collectives prévues dans le projet initial.
  13. Un nouvel échec de la jeune commissaire à effectuer une recherche pour le transfert de l'exposition à une institution étrangère, en dépit des contacts que l'artiste a obtenus pour elle et qu’elle n’a nullement exploités.
  14. Également responsable de l'annulation d'un projet avec les Musées nationaux du Canada et l'Association BRAVO que l'artiste avait lui-même initié.
  15. Cerise sur le gâteau, la décharge du Centre Pompidou qu'elle a elle-même présentée à l'artiste, tentant, incroyable mais vrai, de l'obliger à payer les gardiens du Musée de sa propre exposition pour la durée de celle-ci, le personnel nécessaire à la médiation, les primes d'assurances pour les œuvres et enfin les coûts de mise en place des deux installations combinant réalité virtuelle et actions réseau. Alors pourquoi pas aussi le buffet servi le jour de l'inauguration (s'il y en avait eu un ?) ;-) Évidemment, l'artiste ne signera jamais cette demande (voir copie du texte du document ci-dessous).
  16. Ont également été laissés à la charge de l'artiste les frais et honoraires relatifs à Michael Lerüth, universitaire spécialisé dans le travail de l'artiste, venu spécialement des États-Unis pour participer à un débat avec le commissaire en question.
  17. Enfin, le chef du département de la communication a touché le fond avec la préparation de son action en réseau. Incapable d'anticiper et malheureusement de ne pas apprécier le bénéfice que l'image de l'Institution gagnerait sur la scène internationale d'une opération de grande envergure sur Internet, il a préféré mettre la clé sous la porte et partir en vacances, désignant deux personnes de son département pour prendre en charge la préparation ... deux personnes que je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer même une seule fois, malgré mes nombreuses tentatives. Un exemple parmi d’autres: mon action emblématique de réseau n’a pas fonctionné pour le vernissage par le fait que la personne chargée de la médiation pour filtrer les images cessant son travail à 18h00 a mis la clé sous la porte dès la fin du service laissant les spectateurs sans images.
  18. Enfin pour terminer sur une note plus positive et primesautière, je dirai que je suis pleinement heureux d’avoir pu réaliser cette exposition, malgré les difficultés sans nombre auxquelles j’ai été confronté. Mais les difficultés font partie du jeu et je m’estime être un artiste privilégié, car beaucoup d’autres artistes n’auront jamais cette chance ! Mais qu’on se le dise, l’existence comme la réussite de cette exposition, ne doivent qu’à l’artiste et à sa capacité de résistance contre l’arbitraire organisé et l’hypocrisie de l’Institution.

Conclusion : il est maintenant temps pour les jeunes artistes de prendre le pouvoir. Je viens de démontrer que c'était possible, maintenant à eux d’y mettre toute l’énergie nécessaire et d’y croire ! Quant au Centre Pompidou, je le mets au défi de récuser une seule phrase de ce réquisitoire, les échanges précieux de mails, comme les témoignages et les documents réunis auront tôt fait de le désavouer.

Lettre de « Décharge de responsabilité » que le Centre Pompidou par l’intermédiaire de sa commissaire a voulu imposer et faire signer à l’artiste, qui s’y est toujours refusé, malgré les menaces implicites d’annulation planant alors sur son exposition.
Exposition « Fred Forest - Rétrospective » Centre Pompidou, Forum -1, 12/07/2017 – 28/08/2017

Décharge de responsabilité

Je soussigné Fred Forest déclare, en ma qualité d’artiste et de prêteur de l’ensemble des œuvres, installations et documents cités ci-dessous, avoir été informé des conditions de sécurité de l’espace du Forum -1 sans présence d’agents d’accueil et de surveillance. Je déclare donc avoir été informé des risques encourus par les éléments présentés pendant la durée de l’exposition, montage et démontage inclus.
Seront notamment présentées dans l’exposition, les œuvres et installations suivantes :
– […]
- Il s’agit d’une liste non exhaustive. La présente décharge couvre l’ensemble des éléments prêtés par mes soins, qu’ils soient transportés par les agents du Centre Pompidou, par mes propres moyens ou tout autre mode de livraison ou de restitution organisé par mes soins. J’accepte que l’ensemble des pièces ne soient pas assurées contre le vol ou la détérioration pendant les transports aller/retour, le montage/démontage et la présentation au public et qu’elles ne puissent faire l’objet d’une quelconque indemnisation de la part du Centre Pompidou ou de son assureur, en cas de disparition ou de détérioration totale ou partielle.

Il sera cependant réalisé un inventaire précis des éléments présentés et un pointage systématique à l’ouverture de l’exposition et à la clôture par le Centre Pompidou.

En conséquence, je relève le Centre Pompidou de toute responsabilité en cas de disparition ou de détérioration totale ou partielle des pièces et je renonce expressément à revendiquer une quelconque indemnité pour restauration, perte totale et/ou dépréciation au titre de tout sinistre qui pourrait les affecter pendant toute la durée d’ouverture de l’exposition au Centre Pompidou, ou lors des transports aller/retour et des opérations de montage/démontage.
Fait à Paris, le 2017 Signature (avec mention « Lu et approuvé)

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... quelques images de l'espace d'exposition :
La galerie White Box à New-York.

White Box (WBX) est une galerie artistique à but non lucratif située dans le Lower East Side - Chinatown. Fondée en 1998 par un groupe d'artistes et de commissaires internationaux, la mission de WBX s'inscrit dans le cadre de son mandat initial, qui est de développer et de présenter une liste dynamique de programmes attrayants qui donnent de la visibilité à un art stimulant et socialement pertinent. WBX s'engage non seulement à présenter le travail expérimental d'artistes émergents et / ou établis locaux, nationaux et internationaux, mais aussi à mettre en avant ceux qui sont sous-représentés, en leur donnant l'opportunité de se connecter avec divers publics.

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EXPOSITION WHITE BOX NEW-YORK

TITRE GENERIQUE : " 45 MINUTES POUR SAUVER LE MONDE..."
PROJET FRED FOREST

CONCEPT
Ce projet fonde son originalité première et son sens profond sur le fait que le lieu désigné de l'art, en l'occurrence la White Box de New York, se voit soudain dévolue à une fonction inédite. Une fonction d'expression, de représentation et de  mise en scène, d'experts et d'acteurs divers de la société, dont le champ  de compétence élargi, s'étend au-delà du cercle circonscrit, aux activités traditionnelles de l'art.  Des protagonistes divers, appartenant à des champs multiples : philosophie, économie, politique, culture, médias etc...) sont appelés à se manifester, à tour de rôle, dans un dispositif formel, in situ, conçu par l'artiste, selon une programmation quotidienne et sur un thème donné commun.  L'artiste, selon un calendrier hebdomadaire, conçoit  un dispositif événementiel, qui fait intervenir, à tour de rôle, et chaque jour, à raison d'une personne par jour, sept personnalités sur un sujet de réflexion commun,  Le thème bi-polaire, sera abordé, traité et articule, conjointement, à partir de deux mots clés qui sont celui de RICHESSE et celui de PAUVRETE. Chaque intervenant traitera du sujet en  parfaite liberté selon l'approche qu'il aura choisie et pour une durée impérative de 45 minutes. Le temps de parole sera visualisé au fur et à mesure de son déroulement par un système lumineux   sur le mur derrière le conférencier, avec pour sous titre,  "45 minutes pour sauver le monde "

DISPOSITIF
Dans la Galerie, entièrement nue, avec uniquement ce titre sur les cimaises " Richesse et Pauvreté, Pauvreté et Richesse" l'artiste a défini un espace tracé au sol avec de la peinture blanche. Un espace délimité dans lequel un siège rudimentaire, a été installé, et sur lequel l'intervenant prendra place pour délivrer son message au public présent. L'intervenant dispose d'un micro pour amplification de la voix dans la salle, d'un dispositif de webcams et de Second Life, le mettant en relation avec " PS1 " à New-york, la "Galerie Depardieu" à Nice et le "Laboratoire d'art technologique" de Toronto. La communication de l'intervenant se déroule donc, simultanément, à la fois, dans l'espace physique de la White Box, où l'intervenant est présent physiquement et à distance dans les trois autres lieux désignés ci-dessus.

Sur Second Life, dans le "Centre expérimental du Territoire et laboratoire social ", une œuvre interactive créée par Fred Forest, est installée (mise en scène) sous forme de son avatar, la personnalité invitée délivrant son message au public présent.

Les intervenants sont chacun, dans leur propre domaine de référence, des personnalités top niveau, de notoriété internationale (Choisis par exemple parmi les intervenants du Forum international de Davos, les grands patrons, les prix Nobel de ces dernières années,  Georges Soros, Madona, David Beckham, les vedettes de cinéma, le Dalai Lama, All Gore etc...

- Apres une semaine l'action se poursuit en ligne sur le projet Internet que lance simultanément Juan Puntes.

PHILOSOPHIE DU PROJET ET SES FINALITES
L'objectif de l'artiste, en situant de façon délibérée des " maîtres à penser du monde " dans un contexte “ autre ”, en situation décalée et exceptionnelle, constitue une tentative qui vise à rompre avec les conventions, les rituels sociaux et médiatiques  dont ils sont généralement prisonniers. Cela, afin de tenter le pari de voir émerger une parole "vraie ", dans une situation globale de crise certes gravissime où le monde se trouve confronté à des conditions inédites de mutation. Une tentative pour conduire ces intervenants (et ceux qui les écoutent) à aller au cœur de l'authenticité et de l'essentiel. Il s'agit pour Fred Forest de procéder ainsi, à la mise en forme et la mise en œuvre d'une herméneutique (hérésiarque du sujet), comme l'a développée Michel Foucault dans son cours au Collège de France. C'est-à-dire une forme de connaissance de soi qui est, en même temps, une esthétique de l'existence. Cette question, en même temps qu'esthétique est entendue comme une éthique, avec la production de normes, qui se trouvent d'elles-mêmes décryptées que le sujet fonde ou découvre, et par lesquelles il se découvre également.

On a vu l'art, au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, quitter les musées, quitter les galeries pour gagner la rue, les médias, les milieux urbains, les quartiers déshérités ou les... boutiques de luxe.  Dans un mouvement de circulation inverse, il est intéressant aujourd'hui de proposer que la vie, sous toutes ses formes, reviennent en force dans les lieux de culture pour en réactiver le sens. Et, ce faisant, en créant ce mouvement de retour, que la Galerie ne soit plus uniquement un lieu de présentation de produits à vocation essentiellement commerciale et distractive, mais un lieu de production d'objets informationnels symboliques et immatériels, de connaissances et de sens.

Le lieu de culture devient alors une plate forme d'échanges, destinée dans ce projet à fabriquer du " penser ensemble ," en générant des idées sur les questions cruciales et fondamentales qui se posent, à  nous en ces époques d'interrogation, de crise et de mutation. Dans le mouvement de balancier et de réflexion de l'esthétique à l'éthique qu'induit notre époque en crise, l'artiste, et l'art, lui-même, doivent réviser leurs finalités,  et s'adapter aux outils, aux nécessités et aux urgences du temps.

C'est ce que propose justement le projet de Fred Forest qui donne à l'artiste une fonction directement en prise avec la réalité de son temps, où il sort délibérément des catégories et des modèles du passé, pour en proposer de nouveaux, en adéquation étroite et existentielle avec son environnement ici et maintenant.

METHODES ET STRATEGIES DE REALISATION
Le projet n'a de chance de pouvoir se réaliser à la hauteur de nos ambitions, que si nous arrivons à convaincre un grand media américain (New Yok Times, CNN, Time, US to Day etc. ) d'être notre partenaire exclusif à qui nous donnons la possibilité d’exploiter les documents produits. Je suis intimement persuadé que c'est une chose possible. C'est notre seul espoir de pouvoir convaincre les intervenants invités, appartenant au niveau que nous visons. Ce partenaire idéal, au jour le jour, publie les sept textes dans une série qui s'intitule : "45 minutes pour sauver le monde". Ce qu'il faut faire valoir au media en question, c'est qu'il n'est pas seulement un partenaire, mais ACTEUR ET CREATEUR à part entière de cet événement.

MODELE ECONOMIQUE
Chaque séance fait l'objet de la mise en vente de trente places assises dans la White Box au prix de 10.000 $ l’unité comme cela se fait pour des dîners au bénéfice d'associations de charité. Les sommes recueillies se répartiront en dépenses entre :

  1. Les frais de mise en place de l'opération
  2. La communication
  3. Le défraiement de la White Box
  4. Le salaire de l'artiste
  5. Le salaire de l'organisateur Ferdinand Corte
  6. Une association ou fondation caritative à qui sont destinés les montants les plus importants des recettes rélisées

2018 Fred Forest expose le Centre Pompidou à New-York 

L’Institution avait pris la liberté de lui offrir sans ménagements une exposition dans les pires conditions.

Il lui rend maintenant la monnaie de la pièce par cette parodie…

La White Box de New York, lieu insolite à l’écart des logiques marchandes de l’art contemporain, créée par des artistes en 1998 où se sont manifestés des créateurs de premier plan tels que Michael Snow, Carolee Schneemann, Aldo Tambellini, Dennis Oppenheim, Braço Dimitrijevic, Hermann Nitsch...présente Fred Forest. Premier round ce soir à Paris avec Juan Puntes, le directeur de la WhiteBox, au Café Beaubourg en présence de l’artiste.

FRED FOREST EXPOSE LE CENTRE POMPIDOU A NEW YORK + LE TERRITOIRE

Dans le combat qu’il mène pour une plus grande transparence et équité de la part des institutions culturelles Fred Forest est infatigable. Il surgit toujours là où on ne l’attend pas ! Ne s’avouant jamais vaincu, il sollicite toujours son imagination pour reprendre un combat qui ne cesse jamais. Qui ne cesse jamais car il a bien conscience que les instituions qu’il affronte sans répit son infiniment plus puissantes que lui. Elles digèrent tout, même les os les plus durs. Le temps travaille toujours pour elles. Car sur la durée elles imposent toujours finalement leur autorité, en opposant ne serait-ce que leur force d’inertie aux plus téméraires. Forest joue les téméraires depuis quarante ans, l’année où le Territoire du M2 et le Centre Pompidou ont été créés, comme se plaisait à le souligner le Centre à l’occasion de cet anniversaire. Croyant ainsi, sans doute, pouvoir récupérer l’artiste à si bon compte. Et par dessus le marché en lui proposant de lui acheter une œuvre, petit jeu à quoi il s’est refusé. Un artiste qui refuse catégoriquement de vendre une œuvre à un Musée qui le lui propose c’est tout de même assez peu courant pour mériter d’être signalé. Tout le monde s’était d’ailleurs étonné de l’annonce de cette rétrospective offerte sur un plateau par le Centre Pompidou à un artiste qui n’avait cessé de le contester quatre décennies durant. N’ayant eu de cesse de dénoncer les pratiques d’un Musée National qui, chose incroyable, se refusait de donner le montant de ses acquisitions aux citoyens, et qui fait payer encore leurs expos aux artistes qui n’ont pas la chance de faire partie du sérail... Ou encore mieux les gardiens de celle-ci.

Les choses n’ont guère changé d’ailleurs à ce jour en ce qui concerne les acquisitions. Faites-en la demande d’une façon aussi courtoise que possible à son Président actuel, la réponse sera édifiante. Et si jamais par chance vous en recevez une, chose par ailleurs hautement improbable, elle serait négative... Tout le monde peut encore en faire l’expérience aujourd’hui. Des acquisitions faites le plus souvent toujours aux mêmes artistes. Les nantis d’un système, cooptés pour entrer dans le premier cercle des élus, ils ne seront finalement que créatures à l’ordre du marché, de la finance et des grands collectionneurs. Que personne ne s’émeuve et ne se rebiffe d’un tel déni de démocratie, plonge Fred Forest dans une incommensurable stupeur. Et sa révolte, au maintien d’une telle situation, ne fait que s’amplifier d’année en année. Mais pourquoi donc le Centre Pompidou lui a-t-il offert de lui ouvrir les portes pour cette rétrospective l’été dernier ? C’est la convergence selon l’artiste de plusieurs facteurs nous explique-t-il. Tout d’abord la valeur historique de son travail reconnue désormais à l’international qui place les conservateurs de cet établissement dans l’embarras d’avoir eu depuis toujours si peu d’intérêt pour son travail. Situation qui les gêne quelque peu quand l’artiste au cours de ses nombreuses conférences et actions en France comme à l’étranger se répand en propos peu amènes à leur sujet.

Précisons toutefois qu’un de ses derniers Présidents, après trois années d’échanges nourris avec lui pour l’informer sur sa pratique, ne comprenait pas de facto sa mise à l’index pas certains de ses collaborateurs. Il a donc voulu comme dans les contes de fées lui donner sa chance. Aussi l’a-t-il appuyé auprès de certains d’entre eux, les moins hostiles, attendant que les autres partent à la retraite... L’artiste le pressant, impatient de pouvoir faire enfin cette exposition et le Président d’alors lui répétant inlassablement qu’il n’avait aucun pouvoir d’imposer une exposition à ses conservateurs. En effet le Président du Centre Pompidou étant en charge uniquement d’un rôle de représentation politique et administratif n’a aucune autorité sur les questions d’ordre artistique sinon que pour consulta

Biographie longue de Fred Forest

Fred Forest a une place à part dans l’art contemporain. Tant par sa personnalité que par ses pratiques de pionnier qui jalonnent son œuvre. Il est principalement connu aujourd’hui pour avoir pratiqué un à un la plupart des médias de communication qui sont apparus depuis une cinquantaine d’années. Il est co-fondateur de trois mouvements artistiques : ceux de l’art sociologique, de l’esthétique de la communication et d’une éthique dans l’art.

Il a représenté la France à la XIIème Biennale de São Paulo - Prix de la communication - en 1973, à la 37ème Biennale de Venise en 1976, à la Documenta 6 de Kassel en 1977 et a été exposé au CENTRE POMPIDOU en 2017 et 2024.

 

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